Le rapport sur l’état de l’élimination du dioxyde de carbone en 2024 révèle qu’environ 7 à 9 milliards de tonnes de CO2 par an devront être éliminés de l’atmosphère d’ici le milieu du siècle si le monde veut atteindre l’objectif de 1.5°C de l’Accord de Paris. Les auteurs soulignent que la réduction des émissions est le principal moyen d’atteindre le zéro net, mais que l’élimination du dioxyde de carbone (CDR) a un rôle essentiel à jouer.

Le rapport de cette année est dirigé par la Smith School of Enterprise and the Environment de l'Université d'Oxford.

Les auteurs ont intégré des critères de durabilité, notamment plusieurs objectifs de développement durable, dans leur analyse, et leur chiffre final pour une gamme de CDR « conforme à celle de Paris » a été évalué sur cette base.

Actuellement, seulement 2 milliards de tonnes par an sont éliminées par le CDR, principalement grâce à des méthodes conventionnelles comme la plantation d'arbres. Les nouvelles méthodes CDR – comme le biocharbon, l’altération améliorée des roches, le captage et le stockage direct du carbone dans l’air (DACCS) et la bioénergie avec captage et stockage du carbone (BECCS) – contribuent à hauteur de 1.3 million de tonnes par an, soit moins de 0.1 % du total. Les méthodes effectivement permanentes ne représentent que 0.6 million de tonnes par an, soit moins de 0.05 % du total.

Selon les auteurs, une gamme diversifiée de méthodes CDR doivent être rapidement étendues pour lutter contre le changement climatique conformément à l'Accord de Paris. Le CDR a connu une croissance rapide dans les domaines de la recherche, de la sensibilisation du public et des start-ups. Pourtant, on constate désormais des signes d’un ralentissement du développement selon plusieurs indicateurs.

Alors que les investissements dans la recherche et les start-ups du CDR sont consacrés à une variété croissante de méthodes innovantes, peu de ces méthodes sont actuellement ciblées dans les politiques et propositions gouvernementales visant à étendre le CDR, qui ne représente que 1.1 % des investissements dans les start-ups de technologies climatiques. . "Étant donné que le monde est loin d’avoir atteint la décarbonation requise pour atteindre l’objectif de température de Paris, cela montre la nécessité d’augmenter les investissements dans le CDR ainsi que dans les solutions zéro émission à tous les niveaux.», déclare le Dr Steve Smith de la Smith School of Enterprise and the Environment de l'Université d'Oxford.

Le rapport note que les sociétés CDR ont de grandes ambitions qui, prises ensemble, amèneraient le CDR à des niveaux compatibles avec l’atteinte de l’objectif de température de l’Accord de Paris. Cependant, les auteurs affirment que ces ambitions ont peu de fondement pour la crédibilité à l’heure actuelle et dépendent d’un ensemble de politiques beaucoup plus solides que celles qui existent actuellement.

Le rapport exhorte les gouvernements à mettre en œuvre des politiques qui augmenteront la demande d’élimination du carbone. Celles-ci devraient inclure l'intégration des politiques CDR dans les contributions déterminées au niveau national des pays (plans d'action climatique dans le cadre de la CCNUCC) et le développement de meilleurs systèmes de suivi, de reporting et de vérification pour le CDR. À l’heure actuelle, une grande partie de la demande de CDR provient d’engagements volontaires des entreprises à acheter des crédits d’élimination du carbone. Le Dr Steve Smith, de la Smith School of Enterprise and the Environment, commente : «Il existe des signes encourageants dans la croissance et la diversité de la recherche et des innovations du CDR. Mais ces facteurs sont fortement tempérés par une demande à long terme clairsemée et précaire. Les gouvernements ont désormais un rôle décisif à jouer pour créer les conditions permettant au CDR de se développer de manière durable. »

Le Dr Oliver Geden, de l’Institut allemand des affaires internationales et de sécurité, commente : «Déployer un portefeuille CDR diversifié est une stratégie plus robuste que de se concentrer sur une ou deux méthodes seulement. La recherche, l’invention et l’investissement dans les start-ups montrent une diversification entre les méthodes CDR. Cependant, le déploiement actuel et les propositions gouvernementales pour une mise en œuvre future sont davantage concentrés sur les CDR conventionnels, principalement issus de la foresterie.» Matthew J. Gidden, chercheur principal, Institut international d'analyse des systèmes appliqués, IIASA, commente :

"Il est clair que retarder des réductions cruciales des émissions ne fait qu’exacerber les mesures d’atténuation nécessaires à l’avenir pour limiter le réchauffement bien en dessous de 2°C, mais il y a des limites au rôle que peut jouer le CDR durable plus le monde tarde."

Le Dr Stephanie Roe, scientifique principale en matière de climat et d’énergie au WWF, commente :
"Pour respecter l’Accord de Paris, toute forme d’atténuation du changement climatique doit être réalisée de manière durable. Ce rapport révèle que les scénarios les plus durables comportent des réductions d’émissions plus élevées et déploient donc moins de CDR de manière cumulative. Pour que le CDR soit nécessaire, il est essentiel que la durabilité environnementale et sociale soit explicitement intégrée dans la planification et la politique afin de minimiser les risques et de maximiser les co-bénéfices."

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Le rapport annuel sur l’état de l’élimination du dioxyde de carbone est le fruit des efforts combinés de plus de 50 experts internationaux. Il s’agit de l’évaluation scientifique de pointe au niveau mondial sur la quantité d’élimination du dioxyde de carbone qui sera nécessaire pour limiter le changement climatique et sur la question de savoir si le monde est ou non sur la bonne voie pour y parvenir.